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Céline Chatelain l'occasion

Pourquoi je fais du théâtre ?

Un parcours de comédienne parmi tant d'autres...

 

Je le raconte souvent quand on me pose la question mais je ne l’ai finalement jamais écrit.
Pourquoi je fais ce boulot ? (la question que tout comédien se pose de manière récurrente et
particulièrement 5 minutes avant d'entrer en scène, quand le trac devient si fort qu’on a juste
envie de fuir).
Je n’ai pas vraiment choisi de faire du théâtre. Je n’avais pas de vocation au départ. J’ai longtemps voulu être reporter de guerre, circassienne (désir lié à une forte pratique gymnique) puis professeur d’anglais.
Jusqu’à mes années de collège.
Là, mon frère s’est engagé dans la troupe du collège et ça m’a donné envie.
Il faut dire que cette troupe était dirigée par un professeur hors norme, Yves Courty, venu du nord de la France et fraîchement nommé à Salins les bains.


Ce prof était incroyable. Il a apporté avec lui des textes forts, écrits par une amie à lui,
Suzanne Lemaire. C’étaient des adaptations de textes non théâtraux nécessitant toujours
d'être portés par une flopée de comédiens. On se retrouvaient entre 20 et 30 comédiens et
techniciens amateurs, à monter Les Misérables d’Hugo ou Germinal de Zola ou encore une pièce fleuve sur Jean Jaurès (entre autres). C'était de grosses productions pour l’époque
(années 85 à 90). On faisait tout nous-mêmes et on jouait dans des lieux hors normes,
comme un ancien hangar SNCF désaffecté.

Ce genre d’aventures, collectives, passionnées, enflammées, ça vous marque quand vous
avez entre 14 et 18 ans.


Il me semble important de dire, à l’heure où l'éducation nationale et ses professeurs sont
mis à si rude épreuve, que pour moi et pour beaucoup d’autres que je connais, tout est parti
de là : un prof passionné qui a su fédérer, susciter la curiosité et l'appétit et qui nous a
donné très tôt les valeurs (et les responsabilités qui s’y rattachent) de cette intense aventure
qu’est l’acte théâtral.


Presque tout naturellement j’ai poursuivi mon lycée en section spécialisée théâtre et j’ai
obtenu mon bac. S’ouvrait alors une formation à Besançon, le D.U.M.S.T (Diplôme
Universitaire des Métiers du Spectacle-théâtre) dirigée par Jacques Vingler et Jacques
Fornier, pionniers de la décentralisation et fervents défenseurs du théâtre populaire. Et là
c’est pareil, cela s’est fait assez naturellement.
Nous, la première promotion, avons essuyé les plâtres avec joie et enthousiasme! Il
faut dire aussi que nous avons rencontré et travaillé avec des personnes exceptionnelles et foncièrement partageuses : Jean-Luc Lagarce, Daniel Zerki, Nadine Georges (Roy Hart Theater), Pierre Byland (école Jacques Lecoq), Vincent Rouche, Daisy Amias, Patrick Mélior,
Martine Fioux, François Jacob, René Loyon
…. et bien d’autres.

Un CV de comédienne c’est compliqué.
Si c’est trop factuel, on s’emmerde à le lire.
Si c’est trop sentimental, les gens n’y accordent pas de crédit.

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17.04.2017

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18.09.2018

Alors voilà un petit fatras de ce qui a provoqué des aiguillages heureux dans ma vie de
comédienne :

  • La découverte des outils du clown (leur grande rigueur et leur immense permissivité),
    avec Vincent Rouche, Dan Söderholm et Muriel Henry ;

  • La découverte du théâtre de rue (sa grande exigence, son côté 4x4 tout terrain, son contact direct avec le public) avec la rencontre du Théâtre de l’Unité quand ils ont pris la direction de la Scène Nationale de Montbéliard, puis avec le Pudding Théâtre, le Théâtre Group’ et Les Urbaindigènes ;

  • Et enfin les diverses expériences de travail en collectif et de codirection de compagnie (compagnie Embarquez, compagnie Arnika), qui m’ont appris (pas toujours dans la facilité) que si tu veux faire ce métier et être libre, il faut aussi savoir remplir des dossiers, faire des contrats de travail, élaborer des budgets qui se tiennent même si tu as eu 3 en maths au bac, faire en sorte de ne pas perdre tes amis quand de grandes dissensions s'installent dans ton équipe artistique, garder intacte ton envie de monter sur un plateau quand tu as passé 2 ans à monter une production qui se tienne et que tu as le cerveau en compote au moment de passer à ce qui est le cœur de ton métier.


Et quand tu es découragée, te tourner vers des gens inspirants, regarder comment font les
jeunes qui se lancent et y croient avec fraicheur, continuer à tisser les liens entre
compagnies plutôt que céder à l'esprit de concurrence, tenter de rester soi-même et
accepter de repasser toujours dans le tambour de la grosse machine à laver qu’est la
création, en se redisant à chaque Première, 5 minutes avant d’entre en scène “Oh, merde,
pourquoi je fais ce boulot ?”


Merci à mes parents, qui nous ont toujours soutenus et encouragés et qui n’ont raté aucun
de nos spectacles (la fratrie entière étant dans le métier, ça fait une bonne somme de
représentations...)
Merci à mes enfants et à mon amoureux, qui ont supportés et supportent encore au
quotidien les conséquences de mon choix de vie professionnelle.

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